Les Cahiers des curés : étude historique d'après les brochures, les cahiers imprimés et les procès-verbaux manuscrits

192 LES CAHIERS DES CURÈS

de la sainte ardeur qu'il semble nous inspirer lui-même, purifions le culte que nous lui rendons et les mains qui lui présentent nos offrandes ! ;

Comme l'indique leur nom, les gens de mainmorte, soutient l’enthousiaste et logique réformateur, « ne doivent jamais rien posséder. » Les propriétés ecclésiastiques, qui absorbent le tiers du royaume, et aussi les biens des fabriques, l'État peut « les reprendre, pourvu qu’il se charge de toutes les dépenses du culte, de l'instruction et de la bienfaisance publique (1). »

Les évèques, représentants des apôtres, doivent vivre comme eux : « Sans souci d’affaires temporelles, ne possédant rien, recevant de l’État juste leur subsistance : — la valeur moyenne de cinquante setiers de blé par an, » (1200 livres). Sans palais, sans résidence fixe, ils passeront la majeure partie de l’année à visiler les paroisses, assistés de deux grands vicaires. Ils devront être plus flaités d’être appelés « Mon père ! » que « Monseigneur ! » Ils n'auront plus ni croix brillante, ni crosse, ni mitre, ni carosses à six chevaux, ni grands valets insolents. « Calice d’or, prètres de bois; il faut réformer tout cela et former des prêtres d'or.» (2)

L’éloquent disciple du Maître « qui ne prit pas de nobles pour apôtres, mais de simples pêcheurs », propose que les curés, — payés au même taux que les prélats, quant à l’indispensable de la subsistance, — soient nommés par l'évèque parmi les vicaires, sur la présentation des autorités municipales et des notables de la paroïsse. « Tout ce qui n'est pas d'institution divine est nuisible », dit-il, et il réclame des États généraux la suppression des abbés, des abbesses, des prieurs, des chanoines, des moines et des

(1) Ibid. page 26. (2) Page 10.