Les Cahiers des curés : étude historique d'après les brochures, les cahiers imprimés et les procès-verbaux manuscrits

L'INSURRECTION DES CURÉS 193

moinesses. « Il ne faut pour fous ministres de la religion que des évèques, des curés el des vicaires. » (1)

(1) Dans la semaine qui suivit la publication des Décrets du 29 mars 4880, M. Jules Ferry, ministre de l'Instruction publique, eut l'occasfon de distinguer le clergé des paroisses, auquel 1e Concordat respecté lie l'État respectueux et le clergé des congrégations non reconnu par le Concordat et sous la dépendance exclusive d'une souveraineté étrangère.

Au mois d'août dela même année, le savant député de l'Yonne, M. Paul Bert, devenu, depuis, ministre de l'Instruction publique et des cultes, a précisé cette distinction en termes d'une énergique clarté, qui l'ont rendue tout à fuit populaire : « Le curé, fonctionnaire de l'Etat, ayant des attributions fixes, nne résidence, une nationalité, une famille connues, un nom connu, baptisant, mariant, confessant, enterrant ; le moine, capucin, dominicain, carie, franciseain, oblat, jésuite, n'ayant ni domicile, ni nom, ni patrie, ayant abdiqué toute nationalité, se déguisant sous des dénominations hétéroelites, ne daignant obéir aux lois que lorsque ces lois ne le gènent pas et donnant le spectacle ou d'une fainéantise contemplative honteuse ou d’une activité malsaine et destructive de la patrie. Entre le prêtre séculier, domicilié et connu, et le frocard régulier, errant de couvent en couvent, cachant son état civil el parfois son casier judiciaire, la France n'a jamais fait, ne fera jamais confusion. A l'un elle assurera le libre exercice d’une profession dont se servira qui voudra: à l'autre elle signifiera qu'il n'y a place sur le sol de la patrie que pour les citoyens soumis aux lois communes et vivant dans des maisons ouvertes, à visage découvert... Paix aux curés, guerre aux moines | »

Les brochures ecclésiastiques, que nous venons d'analyser prouvent que cette manière de penser et jusqu'à cette manière de parler datent de 1789. On verra, dans les parties suivantes de notre ouvrage, le eri général de la nation : « Plus de moines! » avoir un puissant écho dans les cahiers des curés.