Les Cahiers des curés : étude historique d'après les brochures, les cahiers imprimés et les procès-verbaux manuscrits

L'INSURRECTION DES CURÉS 195

ecclésiastique, du clergé utile, méprisé, avili, et comprenant les curés, les vicaires, Les professeurs, les aumôniers, « tous ceux qui s'appliquent au ministère évangélique. Si la première classe n’est remplie, par l'intrigue, que d'oisifs, « qui ne font qu'augmenter le nombre des célibafaires odieux, honte des mœurs et ruine de l'État, » la seconde ne contient que des misérables, « se cassant le cou » dans des vicariats, qui conduisent, au bout de quinze ou vingt ans, à des « cures à portion congrue, » où l'on végêle sous condition de ne se brouiller jamais avec ses supérieurs « par quelque acte d'indépendance, de dignité. » Que l'évèque soit sévère, beaucoup de paroisses de son diocèse restent sans vicaires, sans curés. Qu'il ne le soit pas, «la garde des mœurs » est abandonnée à des prètres «ignorants et grossiers, joueurs et ivrognes, crapuleux et libertins (1). »

Comment empêcher l'avilissement des fonctions pastorales, si ce n'est en faisant un sort honnète aux curés, et en leur garantissant un avenir, en réservant, par exemple, les places de chanoines à ceux qui ont fait plusieurs années de travail utile ?

L'abbé Laurent supprime le patronage et la faveur. Il veut que tout vicaire hounète puisse devenir curé, et que tout vieux curé puisse se reposer dans un chapitre sans considération de naissance.

Il s'élève contre la Feuille des bénéfices, au nom de saint Paul, qui professait : « Si quelqu'un refuse de travailler, qu'il ne mange done point!» Il exige la suppression de (ous ces profits ecclésiastiques, dont les gens bien nés seuls jouissent, disant avec un aristocratique sans-facon : « Oui, je ne suis pas mal à mon aise, avec mes deux bénéfices. À

(1) Pages 2, 6.