Les Cahiers des curés : étude historique d'après les brochures, les cahiers imprimés et les procès-verbaux manuscrits

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la vérité le prieuré est bon, mais l’abbaye est une bagatelle, qui vaut à peine la nourriture de mes chevaux (1) ! »

Le pape, établit le très-orthodoxe réformateur, représente saint Pierre, les évêques, Les apôtres, les curés, les disciples. Il n’y a qu'eux d’indispensables : hors du ministère pastoral, il n’y a rien d'essentiel à l'Église (2).

Jadis, il était impossible de devenir évèque sans avoir été euré, et il y en a un ou deux sur cent quarante ou cent cinquante qui soient selon la règle: qu'on les y ramène tous et qu'il faille avoir exercé douze ans au moins l'office paroïssial avant d'obtenir la prélature !

N'est-il pas inique et absurde de prendre les évêques dans la classe noble, « très dégénérée, du reste ; les races animales ne se conservent que par le croisement (3). » Où Jésus-Christ prit-il ses coopérateurs ? « Dans le peuple ». Saint Jérôme exigeait de l'évèque qu’il «aimät la pauvreté » ; l'évêque primitif n’était que « le canal de la charité » ; le concile de Carthage ne lui permettait qu « une petite maison non loin de l’Église. » :

En quoi lui ressemblent les évêques d'aujourd'hui, « comblés de biens et criblés de dettes ? » Avec des rentes d’abbayes, s'ajoutant aux revenus du diocèse, ils tiennent cour dans des palais ; ils ont des écuries, des équipages de princes ; ils ont « salle ouverte pour les hommes en place, les femmes de qualité, les bons gentilhommes, tous les riches ». L'entretien de leur luxe à la ville et à la campagne les amène à abuser des dépôts sacrés, à dilapider le patrimoine des pauvres, à commettre ce que les saints Pères et les conciles appelaient « vol, sacrilège, cruautés, homicide (4) ».

(1) Page 66.

(2) Pages 115-118. (3) Page 134.

(4) Pages 157-168.