Les Cahiers des curés : étude historique d'après les brochures, les cahiers imprimés et les procès-verbaux manuscrits

L'INSURRECTION DES CURES 197

Notre vicaire de Paris-hors-les-murs caleulait que, sur la richesse épiscopale, six millions de livres au moins étaient annuellement «volés aux indigents ».

Durant les premiers siècles, raconte-t-il, les évèques remplissaient l'office pour lequel Jésus-Christ les à institués : ils baptisaient, confessaient el prêchaient l'Évangile. A peine deux ou trois confessent-ils ; un liers à peine prèche, les autres en seraient incapables. Nos prélats « se contentent de jouir tranquillement d'un revenu considérable, d'officier pontificalement dans leurs cathédrales cinq ou six fois l’année ; d'écrire à tort et à travers ; de solliciter des arrêts du conseil ou des lettres de cachet, pour opprimer leurs curés, et de donner à cerlaines époques la confirmation dans leurs villages et les ordres dans leurs séminaires. »

Encore se déchargent-ils souvent de cet embarras, soit sur leurs grands vicaires, soit sur un coadjuteur ou sur un suffragont, soit enfin sur un évèque voisin. «Il n°y a que le revenu qu'ils gardent soigneusement, et il n'est pas rare de trouver des prélats pour qui l'épiscopat, cette place autrefois si pénible, se réduit à manger paisiblement, tant à Paris qu’en province, 100 à 200,000 livres de rentes (1) ! »

L'abbé Laurent, sachant de quelle façon se fabriquent les évèques, s'étonne qu'il puisse encore y en avoir quelquesuns de bons. Il « donne la chasse à l'engeance maudite des ambitieux », qui assiègent le palais abbatial de Saint-Germain-des-Prés — où se tient la Feuille des bénéfices.

Invoquant les Écritures et tous les auteurs ecclésiastiques, il rappelle que « l'évèque doit être pour toujours attaché à son église, comme une mère à ses enfants, un époux à son épouse. » 11 condamne les translations et échanges de sièges, faits au seul point de vue du vil inté-

(4) Pages 192-194.