Les Cahiers des curés : étude historique d'après les brochures, les cahiers imprimés et les procès-verbaux manuscrits

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du clergé sont vides — par force. Beaucoup ont été visiblement corrigés par séduction ou subis par timidité. Mais les plaintes et les vœux du clergé inférieur, qui manquent ou qui se sont atlénués dans le cahier du bailliage épiscopal, se retrouvent au vif dans les pièces annexées aux procès-verbaux d'élections, lettres aux ministres, mémoires au roi, propositions particulières, doléances individuelles. Ils se retrouvent encore et mieux peut-être dans ceux des cahiers primitifs des paroisses rurales dont le curé a été le rédacteur, et où il n’a pas manqué d'insérer, avec peu ou point de précautions oraloires, d'accord avecses paroissiens et sous leur responsabilité, ce qu'il n’eût osé dire en présence de Monseigneur.

L'accord était alors tout naturel entre les paysans et le misérable desservant qui tenait la plume pour eux. Ils avaient les mêmes haines contre la féodalité, contre les gros décimateurs, contre les méprisants seigneurs ecélésiastiques et laïques. Parcourez les cahiers des « communautés » rurales de Paris hors-les-murs, qui remplissent presque deux volumes des Archives parlementaires, ceux de la gouvernance de Douai, de la sénéchaussée d'Aix, ete.; vous y découvrirez, sur les curés et les vicaires, par eux écrites, une foule de récriminations et de revendications, dont il existe à peine trace dans les cahiers généraux contre-signés par les prélats.

Grâce aux compléments fournis par les cahiers ruraux et aux éclaireissements tirés des brochures électorales, nous avons pu déterminer avec exactitude les éléments essentiels de la grande réforme-ecclésiastique que le bas clergé de 1789 espérait obtenir de la Nation et mettre en harmonie avec la révolution civile et politique.