Les fêtes et les chants de la révolution française
236 FÊTES ET CHANTS DE LA RÉVOLUTION FRANÇAISE.
Nature ». Un nouvel hymne est chanté : « Quelle fête, à mes fils! », puis le même père de famille fait une lecture morale suivie de l'Hymne à l'Être suprême : « Père de l'univers, suprême intelligence ». Un autre prononce un discours, coupé en deux parties par un hymne. Et c'est de nouveau le tour de l'orgue : après quoi le lecteur, suivi des administrateurs du culte, prononce une courte formule, promettant devant Dieu et devant les hommes « d’être toujours tolérant, d'aimer toujours son prochain de quelque opinion qu'il soit, de le servir dans toutes les occasions de la vie ». Pour finir, hymne à la Tolérance, invocation à la Patrie, hymne à la Patrie; un troisième père de famille annonce que la fête religieuse et morale est terminée; l'orgue joue une sortie, et les fidèles se séparent.
En province, les églises servaient aussi de locaux à ces sortes de cérémonies. Castil-Blaze, alors enfant, a évoqué des souvenirs assez intéressants, bien qu'il confondît tout l'ensemble des fètes nationales et décadaires sous le nom de fêtes de la Raison ou de l’Être suprême. Il se rappelle avoir tressé des guirlandes pour orner l’église de Cavaillon, sa ville natale, y avoir chanté la partie de soprano dans les hymnes patriotiques, que l’orgue accompagnait.
L'usage du chant exécuté par le peuple était donc général. Déjà, à l'époque où le décadi était de pratique nouvelle, en l’an IT, on se déclarait satisfait quand, dans le Temple de morale, on avait eu « quelques lectures politiques, une bonne musique républicaine ».
C'étaient là, en réalité, des offices protestants. Aussi bien, toutes les fêtes de la Révolution eurent recours à ces deux éléments essentiels : discours et musique. Un répertoire spécial commença à s’en constituer en vue de ces cérémonies. Dès l’an III, un représentant de