Les fêtes et les chants de la révolution française
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couvrir les armes françaises de nouveaux lauriers. Ce n’était rompre en rien avec les traditions républicaines que de célébrer la victoire en même temps que la fête nationale. Le Tribunat siégea solennellement, et son président prononça un discours; en mème temps Ja cérémonie officielle eut lieu, avec un grand apparat, dans le « Temple de Mars » (les Invalides), en présence des consuls, des généraux et des chefs des grandes administrations de l'État. La nef et les tribunes étaient remplies d’un public choisi. « L'éclat de la beauté, le soin de la parure ne faisaient pas un des moindres charmes de cette fête », dit l’officiel Monileur; mais, en constatant que cette brillante assistance n'avait 6lé admise que sur billets d'invitation, il reconnait implicitement que le peuple était maintenant écarté des fêtes nationales.
Une disposilion inusitée du local, décoré par Chalgrin « avec une grande décence ct beaucoup de pompe »; attira dès les premiers moments l'attention de l’auditoire. Deux groupes de chacun cent cinquante musiciens, chanteurs et instrumentistes, étaient disposés à quelque distance l’un de l’autre dans le milieu de la chapelle; dans le dôme avait pris place un troisième groupe, composé seulement d'un petit chœur de femmes et trois instruments, un cor et deux harpes: Ces trois chœurs allaient dialoguer, se répondre el se combiner tour à tour. Sur l’estrade centrale se tenait Méhul : pour mieux attirer les regards d’exécutants Si éloignés les uns des autres, il avait eu l'idée, a raconté Castil-Blaze, de leur battre la mesure avec son bras enveloppé d’un mouchoir blanc. Deux arlisles italiens que Paris ne connaissait pas encore, le chanteur Bianchi et la célèbre Grassini, prétaient leur concours à Ja solennité : c'était, à la vérité, la première fois que des