Les fêtes et les chants de la révolution française
246 FÊTES ET CHANTS DE LA RÉVOLUTION FRANÇAISE.
Mais l’œuvre de Méhul n'a pas que ce seul mérite : même indépendamment de cet effet particulier, elle reste une œuvre de maître. Beaucoup plus développée que les compositions précédemment écrites pour les fêtes nationales, elle ne compte pas moins de six morceaux de formes et de physionomie très distinctes. L'allure générale est grave et sérieuse, l'inspiration toujours soutenue : bien qu'écrite en peu de temps, l’œuvre est d’une tenue magistrale et ne sent en rien l'improvisation. Les divers éléments sont mis en œuvre avec une rare habileté. Les trois chœurs ne jouent pas toujours ensemble, tant s’en faut : le plus souvent, au contraire, les orchestres de la nef ont un rôle particulier, et parfois il arrive à l’un ou à l’autre de borner son rôle à l’accompagnement des chanteurs solistes.
Quant au chœur féminin du dôme, avec son romantique accompagnement de harpes et de cor, son emploi est tout exceptionnel. Mais c’est à lui qu'appartient la perle de la partition : un court andante, quatre vers seulement chantés par les soprani, dont les voix, à deux parties, sont combinées aux trois instruments avec un art exquis, répétant un adorable chant de cor dont la placidité sereine fait songer aux plus suaves inspirations de Joseph.
L'avant-dernier morceau : « Tu meurs, brave Desaix », produisit, dit-on, sur l'auditoire une grande impression, plus peut-être par les souvenirs si récents qu’il évoquait que par sa valeur même : la musique, chantée par deux seules voix de ténor, en est d'un grand caractère, et très digne du sentiment exprimé. De même on put admirer de belles sonorités funèbres dans une strophe où sont évoquées les ombres des héros du temps jadis, Condé, Dugommier, Turenne.
Pour conclure enfin, les deux grands chœurs s'u nirent