Les fêtes et les chants de la révolution française
14 FÊTES ET CHANTS DE LA RÉVOLUTION FRANÇAISE.
sailles, en présence du roi, entonné par les députés eux-mêmes, au son de toutes les cloches et des décharges de l'artillerie.
Puis ce furent des processions, traversant tout Paris. Le 10 août, les dames du marché Saint-Martin vont à Sainte-Geneviève, escortées par la garde civique, avec tambours et musique. Elles portent des fleurs à la patronne de Paris ; une messe « solennelle et musicale » est célébrée, suivie du Te Deum. Le jeudi 30 août, autre procession à Sainte-Geneviève. Troisième solennité du même genre le 4 septembre; cette dernière a ceci de particulier que c'est le faubourg Saint- Antoine, c'est-àdire le voisinage de la Bastille, qui y figure. Aussi les ouvriers du quartier ont eu l'idée de fabriquer une petite Bastille en bois, que des gardes françaises portent sur leurs épaules et dont ils vont faire hommage à la sainte. Le cortège se développe longuement, formé d'un nombre considérable de femmes vêtues de blanc, de douze cents hommes de la milice bourgeoise avec des fleurs au bout des fusils ; leur drapeau neuf est porté au milieu des drapeaux noircis et déchirés de la Bastille. « Le bruit du tambour, le choix des instruments, et jusqu'au choix des airs, tout donne un vil intérèt à cette fête patriotique. » Ainsi s'exprime un témoin, ajoutant que cette cérémonie donne par avance l'idée de la fête qui suivra la proclamation de la Constitution, et qui sera, dit-il, « notre première fête nationale ». Tout cela est d'un enthousiasme naïf qui fait plaisir à voir ! Mais quels étaient, en 1789, ces airs dont le choix parut si heureux qu'ils purent être appréciés et goûtés au passage d’une procession ? Nous l'ignorerons toujours. Mais le fait seul d'une observation de ce genre, en un tel moment, suffit à montrer quels étaient, dans le public, la justesse de l esprit et le