Les fêtes et les chants de la révolution française
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LA FÊTE DE LA FÉDÉRATION. 21
nom à la postérité, nous le reconnaîtrions pour l’auteur de la chanson. Dans l'ignorance où nous en sommes, 1 faut donc dire que cet auteur est Franklin, collaborateur involontaire et étonné du musicien de bals publics, violon à l'orchestre du théâtre des Beaujolais, Bécourt, puisqu'il faut l'appeler par son nom, dans la composition de l'œuvre qu'Anacharsis Clootz, toujours sensible,
ualifiait : « Notre ranz des vaches », et qui, jusqu'en 1792, eut l'honneur immérité de jouer le rôle de premier chant national de la Révolution.
Il existe cependant des paroles (je n'ose dire des vers) imprimées sous la musique sur de petites feuilles volantes que les marchands de chansons vendaient au peuple; les quelques exemplaires qui en subsistent sont conservés comme de rares curiosités, et l’on a tour à tour présenté ceux qui les ont signées comme le « véritable auteur » du Ça ira. Ceux qu'on a principalement désignés sont Ladré, Dupuis, Déduit, Huron, Poirier. Le premier, professionnel de la chanson des rues, expert à faire valoir ses talents publics, a eu notamment la fortune de jouir de la renommée qu’il ambitionnait : on le vit, en l’an Il, demander une récompense nationale comme étant « l’auteur des paroles du Ça ira de 1790 », et sa prétention, dit G. Isambert, a si bien porté que la plupart des recueils de chansons populaires ont cité, pour texte du Ça ira, les couplets de Ladré, légèrement dérangés dans la transmission, el n’en soupçonnent point d’autres.
J'ai signalé moi-même, il y a fort longtemps, l’existence d'une de ces feuilles volantes, reliée dans un recueil factice de « Chansons des rues » sous ce titre : Couplets chantés au Champ de'Mars le 14 juillel, dans le moment qu'on prélait le serment fédéralif sur l'autel de la Liberté; paroles sur l’Alleluia, alternant avec celles du