Les fêtes et les chants de la révolution française
22 FÊTES ET CHANTS DE LA RÉVOLUTION FRANÇAISE.
Ça ira par Lan RÉ‘. Mais cette indication de date n’établit aucune antériorité en sa faveur. Il y avait beau temps, le jour du 14 juillet, que Ça ira était populaire! A cette date mème, le peuple chanta sur l’air de Bécourt, tout au moins sur sa première reprise, bien d’autres paroles, — par exemple celles qui font allusion au mauvais temps : Ah! ça ira, ça ira, ça ira, En dépit d’z'aristocral’ et d'la pluie; Ah! ça ira, Ça ira, Ca ira, Nous nous mouillerons, mais Ca finira.
Je sais un autre couplet, inspiré par la même cause, qui, sans avoir été imprimé (et il faut avouer qu'il méritait peu de l'être) a traversé les cent dix-sept années qui nous séparent du 14 juillet 1790 par la seule tradition orale, comme une vraie chanson populaire. Le voici tel qu'il me fut donné de le recueillir au cours de recherches sur le folklore :
Ça m'coule au dos, coule au dos, coule au dos, En revenant du Champ de Mars;
Ca m’coule au dos, coule au dos, coule au dos, Je suis mouillé jusques aux os.
Qué’qu’ ça m'fait à moi d’ét’mouillé, Quand c’est pour la Liberté ? Quand il tomb'rait des-z-hall’bardes Qui m'mouill'raient moi-z-et mes-z-hardes, J'en crierais encore plus haut :
Ca m’coule au dos, ete. ?.
La voilà, la vraie chanson de la fète de la Fédération! Ne croirait-on pas l'entendre chanter par les voix fron-
1. Les Chansons de la Révolution, article de la Nouvelle Revue du 4 juin 1884. Le document dont il est fait mention se trouve à la Bibliothèque de la Ville de Paris.
2, Ce couplet, dans la musique duquel on reconnait distinctement l'air Ça ira, mais déformé (dans le sens de la simplification) de la facon la plus curieuse, m'a été communiqué récemment