Les hommes de la Révolution

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service d’un M. de Bracquemont, seigneur de Dumery près de Roye, où, vraisemblablement, il était domestique (1). Ici se place une anecdote recueillie dans les papiers intimes de Babeuf. Son père, sentant la mort prochaine, aurait rassemblé ses enfants et leur aurait tenu un discours, leur conseillant de choisir, parmi la vie des hommes de l'antiquité, le rôle qu'ils désiraient suivre. Il aurait ajouté que celui auquel il aurait voulu le plus ressembler était Caïus Gracchus, quand même il aurait du périr comme lui. Et le jeune FrançoisNoël aurait alors fait le serment, à la face du ciel, de se modeler sur ce héros.

Jusque-là rien de bien saïllant dans l'existence du futur tribun. En 1782, il se marie avec une dame Marie-Anne-Victoire Langlet, fille de chambre chez le seigneur de Bracquemont (2). À partir de ce moment, François-Noël a charge d’âmes; il doit se chercher une situation plus lucrative et plus indépendante et il va se fixer à Noyon où il commence ses études et sa carrière administratives. Il est tour à tour employé chez un arpenteur et commissaire à terrier, c'est-à-dire qu'il se livre à la surveillance des droits sur les terres.

(4) On a dit aussi qu'il avait été recueilli par la marquise de Soyécourt, Emile Babeuf, l’un des fils du tribun, prétend «qu'il est faux, archifaux que son père ait été élevé par charité, en qualité de domestique.» Cette époque de l'existence du tribun est assez trouble.

(2) Emile Babeuf a nié également que sa mère fût femme de chambre et dit qu’elle était simplement «l’amie d'une dame noble ». Mais l'acte de mariage ne laisse aucun doute à ce sujet,