Les hommes de la Révolution

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Ainsi, quoi qu’en aient dit certains historiens plus mal intentionnés que renseignés, les premières années du célèbre socialiste sont consacrées au travail par lequel il s'efforce de gagner son pain et celui des siens. On ne voit pas encore, en lui, se dessiner le‘ tribun redoutable qui fera trembler jusqu'au Directoire; c’est simplement un pauvre homme.jeté au milieu des difficultés de la vie, sans grandes ressources et s’efforçant de vaincre la misère. Débuts peu retentissants, mais parfaitement honorables et qui attirent la sympathie sur l'homme privé.

Tout en luttant ainsi pour l'existence, Babeuf s'occupe de travaux littéraires (1), entretient une correspondance suivie avec certains hommes de lettres et concourt à l'Académie d'Arras. Le secrétaire de cette académie, Dubois de Fosseux, ayant reconnu des qualités chez Babeuf, ne cesse de correspondre avec lui, lui pose des questions et l’inonde de ses missives (2). Babeuf avait alors vingt-cinq ans et Dubois de Fosseux en avait quarante-trois. Les relations ainsi commencées devaient se continuer longtemps. Cependant Du-

(1) Il est curieux de voir Babeuf dès les débuts s’occuper de simplifier l'orthographe, Plus tard il écrira comme tout le monde, mais il conservera la manie du néologisme, On trouve, à chaque instant, dans ses écrits, des termes bizarres: populicide, nationicide; dépopuler, foudroyade, égorgerie, furorisme, etc. Un seul de ces néologismes passa dans la langue, ce fut le mot: Terrorrisme, trouvé par Babeuf.

(2) Advielle a publié la correspondance Dubois de Fosseux-Babeuf. À part quelques lettres, elle n'offre rien de particulier. Il y est surtout question de choses littéraires ou scientifiques.