Les hommes de la Révolution

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bois de Fosseux abusait de la bonne volonté de son correspondant; il lui posait questions sur questions. Un jour, il lui demande: « L'homme sensible est-il plus heureux dans l’ordre social que l’homme apathique?» Et Babeuf lui répond: « J'avouerai, Monsieur, et vous n’en serez sûrement pas surpris, qu'il est souvent question dans vos feuilles de bien des parties qui se trouvent éloignées de ma sphère. Vous ne me ferez donc point de crime de n’en parler pas».

Mais Dubois de Fosseux ne veut pas en démordre. Il insiste. La correspondance continue. Babeuf écrit que «les petits talents sont plutôt portés à l'admiration qu’à la censure.» Dubois de Fosseux prétend, au contraire, que «souvent les critiques les plus amères sont une preuve de médiocrité.» Une autre fois, Babeuf raconte qu'il élève lui-même ses enfants d’après les principes du citoyen de Genève. Et l'on voit que déjà, François-Noël Babeuf confesse sa sympathie pour les idées qui détermimeront la Révolution. sé

A partir de ce jour, nous allons voir apparaître peu à peu le révolutionnaire et le tribun. Le 21 mars 1787, Babeuf soumet à son correspondant, la question suivante :

« Avec la somme générale de connaissances maintenant acquises, quel serait l’état d’un peuple dont les institutions sociales seraient telles qu'il règnerait indistinctement, entre chacun de ses membres individuels, la plus parfaite égalité; que le sol qu’il habiterait ne fût à personne mais appartint à tous; qu'enfin, tout fût commun jusqu'aux produits de tous les genres d'industrie. De semblables Ée par la loi naturelle? Se-

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