Les hommes de la Révolution

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et a-t-on confondu le marquis de Soyecourt et le comte de Casteja? Quoi qu'il en soit, l’excuse de Babeuf était dans sa situation pécuniaire. Il avait une nombreuse famille et des charges accablantes. C'est ainsi que le 19 septembre 1787, il écrit à un parent: «Mon cher Monsieur, je t'en prie, envoie-moi de la monnaie. Je me porte bien. Je suis exactement sans le sou. »

Enfin, en 1788, Babeuf put connaître l’aisance. Il avait alors une clientèle riche et occupait plusieurs commis. Il travaillait à des recherches d'archives. Nous voyons alors reparaître le marquis de Soyecourt. Babeuf lui avait présenté un mémoire de 12.000 livres. Le marquis avait, parait-il, l'habitude de payer seulement avec des paroles. En vain Babeuf.le harcela-t:il. Pas assez fortuné et trop petit pour entamer un procès, il dut s’amender. Il toucha exactement cent louis et fut obligé de donner quittance. En même temps, le travail cessa tout à coup (1). Babeuf se retrouva dans la gêne.

I1 avait trouvé aussi sur son chemin la famille Billecoq (2). Cette famille très puissante, com-

(4) Cette famille de Soyecourt est celle qui avait recueilli Babeuf. Il faut chercher les motifs de la rupture plutôt dans le refus de payer du marquis que dans l’histoire du diner à la cuisine que nous relatons plus haut. Babeuf dans ses notes dit du marquis: « Courtisan ruiné, épuisé, qui ne payait personne, bien qu'il eut des possessions immenses, pas même les aubergistes par où il passait. »

(2) Les Billecoq, officiers de M. de Soyecourt, avaient été destitués par ce dernier. Ils virent que Babeuf avait usé contre eux de son influence et dès lors ils cherchèrent, par tous les moyens, à s'en venger.