Les hommes de la Révolution

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posée d'avocats et de curés, poursuivit Babeut d'une haine implacable. Peu à peu, elle lui fit perdre plusieurs procès, lui retira des clients. La gêne ne tarda pas à devenir de la misère.

Aïnsi on peut voir Babeuf, dès ses commencements, en lutte avec l'aristocratie provinciale. On comprend sa rancune et sa haïne. Ce sont ces nobles et ces robins qui lui font perdre le fruit d'un travail opiniâtre et le condamnent à vivre misérablement, lui et sa famille. Il devait s’en souvenir plus tard (1).

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En 1780, nous trouvons Babéüf toujours pauvre et toujours luttant. Mais il s'était transformé. Il ne correspond plus avec Dubois de Fosseux. Il laisse de côté les choses littéraires. Les pauvres gens de la ville de Roye le connaissent, l’estiment, subissent son influence. La politique l’absorbe tout entier. Déjà, il lance des écrits révolutionnaires. Le doux rêveur d'antan fait place à l'agitateur passionné.

Il commence par rédiger les premiers articles pour les Cahiers du bailliage de Roye et dans le

(1) Il écrira: (Babeuf, Tribun du Peuple, à ses concitoyens.) « J'étais féodiste sous l’ancien régime et c'est la raison pour laquelle je fus peut-être le plus redoutable fléau de la féodalité dans le nouveau; ce fut dans la poussière des Archives seigneuriales que je découvris les affreux mystères des usurpations de la caste noble; je les dévoilai au peuple par des écrits brûlants, publiés dès l'aurore de la Révolution. Notre département en fut électrisé; il se fit une insurrection contre les droits féodaux.., »