Les hommes de la Révolution

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Ces diverses péripéties nous mènent en 1792. En septembre, Babeuf fut élu administrateurarchiviste de la Somme, mais le représentant André Dumont le fit rapidement destituer (1). Il fut alors nommé administrateur du district de Montdidier.

La encore, les déboires l’attendaient. Un exprocureur du Roi, le sieur de Longcamp s’acharne après le plébéien et trouve le moyen de lgccuser d’avoir substitué un nom à un autre dans un acte de vente d’un bien national. Babeuf se rendit à Amiens, mais, se voyant poursuivi sous l'inculpation de faux, il s’échappa.

Il fut condamné par contumace à vingt ans de fers (2). Le procès allait être revisé. Mais cela n'a pas moins permis aux calomniateurs de présenter Babeuf, victime de l'injustice et de l’acharnement de ses ennemis et des ennemis du peuple, comme indigne et comme ayant subi des condamnations infamantes.

(4) Il avait connu André Dumont comme clerc à Roye et il y avait, entre les deux hommes, une vieille haine.

(2) Cette.condamnation qui ne demeura point, a contribué, dans une forte mesure, à l'édification de la légende qui s'est formée autour de Babeuf, comme du reste, autour des meilleurs révolutionnaires. Les calomniateurs n’ont jamais cessé de rappeler que Babeuf était un faussaire. Il nous faut insister là-dessus. Nous avons plus haut donné l'appréciation mensongère de Taine. Dernièrement, dans un article de la Laberté, M. Paul Gaulot y revenait (17 juim 1907.) Cet article contenait du reste plusieurs inexactitudes, C’est ainsi que M. Gaulot prétend que Babeuf fut arrêté rue Bleue, chez un menuisier, par les soins de l’adjudant-gé. néral Blondeau, alors qu'il fut réellement arrêté, rue de la Grande-Truanderie, chez le tailleur Tissot, par l'inspecteur général Dossonville, sur l’ordre de Carnot.