Les hommes de la Révolution

— 189 —

IV

Babeuï en 1793 et jusqu’en 1795. — Le «Tribun du Peuple »

Condamné, Babeuf prit le parti d'abandonner définitivement la Picardie. Il vint à Paris en février 1793 et se mit à l'abri des poursuites. Sa situation cependant était encore plus lamentable et le malheureux faisait des efforts désespérés

s

pour en sortir (1). Il écrit à sa femme (24 février 1793):

« Il ne faut plus nous le dissimuler, ma chère amie, trop de monde, dans ce malheureux pays, a juré notre perte; je dois à l'existence de mes enfants, à l'obligation qui m'est imposée de les élever, de céder à la persécution sans relâche que j'essuie depuis si longtemps; Ahl les malheureux! Ils m'accusent, moi qui ai toujours montré tant d'horreur pour l'intrigue et les bassesses, ils m'accusent d’avoir trahi mes devoirs pour de l'argent. Qu'ils viennent voir leur ouvrage ? Mes enfants qui pleurent parce qu'ils n’ont pas de

(1) Bien des hommes, parmi ceux qui jouaient un rôle pendant la tourmente révolutionnaire, connurent des années de misère. Desmoulins longtemps demeura besoigneux, selon le mot de Châteaubriand: Hébert se trouva dans la misère la plus effrayante; Collot d'Herbois, Brissot vécurent d’expédients; Marat, luimême, quoique médecin renommé connut la gêne,

3.