Les hommes de la Révolution

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par obtenir gain de cause et Babeuf est arrêté pour purger sa contumace (1).

*X + %

Pourtant Babeuf ne se laisse pas aller au désespoir et à l'abattement. Il publie des justifications et rédige des mémoires. Il écrit à Chaumette:

« Du fond de ma prison, Tribun, j'apprends que tu me juges digne de ton intérêt. Il est infâme de m'accuser… C'est le quatrième procès criminel qu'ils suscitent à mon seul patriotisme... Il me suffirait d’un seul fait pour te convaincre de mon mépris de l'or: ma place à la commission ministérielle des subsistances me rapporte 4.000 livres; eh bien, j'ai demandé à être admis à exercer, avec appointements de 1.200 livres, dans la commune d’Emile, l'honorable fonction d’instituteur de morale, dans ce lieu sanctifié par Rousseau... »

Il écrit d'autre part à Sylvain Maréchal (2):

« Celui qui vous adresse cette lettre est un citoyen,-un patriote accablé sous le poids du malheur. Il a vu dans vos écrits tout ce que vous inspirent de compassion les misères d'autrui; il

(1) «Je viens d'être arrêté et mis à la Chambre d'arrêt de la mairie. Ce sont les aristocrates administrateurs de Montdidier qui font encore une fois jouer contre moi leurs coupables manœuvres. Je vais être conduit à Montdidier. Consolez-vous, mes enfants, je n'aurai que la peine de confondre mes ennemis. » (Lettre de Babeuf à sa femme, 24 brumaire, an Il.)

(2) Sylvain Maréchal, ami de Camille, sera plus tard mêlé à la conspiration de Babeuf,