Les hommes de la Révolution

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livrée aux flammes sur lesquelles il rendra ses derniers soupirs. Quel déchirant tableau (1)! »

Babeuf invoque à l’appui de ses dires, les témoignages de Philippeaux et de Lequinio, dont l'un a dénoncé les crimes des républicains dans sa Lettre au Comité de Salut Publie et dont l’autre a fait des aveux précieux dans sa Guerre de Vendée et des Chouans, où il énumère les moyens d’en finir et écrit:

« Si la population qui reste n’était que de trente à quarante mille âmes, le plus court serait, sans doute, de tout égorger. Mais cette population est immense: elle s'élève encore à quatre cent mille hommes. S'il n’y avait nul espoir de succès par un autre mode, sans doute encore qu'il faudrait tout égorger, y eut-il cinq cent mille hommes; mais je suis loin de le croire. » S

(1) L'indulgent Camille dit des Vendéens (Hist. des Brissotins, p. 72):

«De tels hommes déshonorent la guillotine, comme autrefois la potence était déshonorée par ces chiens qu'on avait pris en contrebande et qui étaient pendus avec leurs maîtres. Je ne conçois pas comment on peut condamner à mort sérieusement ces animaux à face humaine; on ne peut que leur courir sus, non pas comme dans une guerre, mais comme dans une chasse; et quant à ceux qui sont faits prisonniers, dans la disette de vivres dont nous souffrons, ce qu'il y aurait de mieux à faire, ce serait de les échanger contre leurs bœufs du Poitou.» Babeuf lui répond: «Pauvre Camille! qu'il avait donc tort de n'être point totalement indulgent pour ceux dont le jugement les égarait. Il ne voyait pas que monsieur son père, qui l'avait fait étudier toute sa vie, n'était parvenu à en faire qu'un répertoire d'histoire universelle, un intarissable faiseur d'épigrammes et un spirituel déraisonneur. »