Les hommes de la Révolution

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Il est douteux, cependant, que la réaction bourgeoise ait réussi. Ce qu'elle a pu faire pour un Marat, pour un Hébert, individus isolés, hommes d'action qui n’exercèrent leur influence que vivants, elle le pouvait difficilement avec un théoricien qui laissait derrière lui un bagage d'idées et léguait à ses partisans, une doctrine. Les articles de combat, les écrits violents, les pamphlets ardents sont un peu comme les paroles, et lorsque les circonstances qui les provoquent ont disparu, ils n’en reste rien, que l’étonnement et quelquefois : l'instinctive réprobation qu'ils suscitent à quiconque n’a pas étudié de près les événements. Maïs un système politique et social reste intact et quand il est inspiré par la justice et le souci du bonheur commun, il ne peut que gagner avec le temps. Bien mieux, si la chose est nécessaire, il peut laver et faire oublier les tares de l'homme qui disparaît devant l'Œuvre.

Ce n'est point le cas, cependant pour Babeuf. Cet homme, nous venons de le voir à l'œuvre. Nous l'avons suivi, rapidement, dans un volume trop étroit pour nous permettre de nous appesantir sur certaines particularités (1). Nous l’avons montré dès son enfance, dans le dénuement complet ou dans la gène, s’efforçant par tous les moyens de faire vivre les siens. Petit arpenteur, il s'en allait sur les routes gagner le pain de sa fa-

(1) « Ainsi que nous l'avons dit pour Marat, nous espérons qu'un historien, plus autorisé que nous, se chargera, un jour, d'entamer un procès à l’histoire et de réhabiliter tous ces hommes. »