Les pamphlets de Marat

MARAT A SES .CONCITOYENS 331

pression est pour le citoyen le plus imprescriptible de ses

droits. A. C. Dervers.

Vous m'accusez sur des bruits absurdes, répandus par les ennemis publies, d’avoir enlevé la femme et les meubles du graveur Maquet, lequel, dites-vous, a tout fait pour moi.

Moi, que les assassins de Mottier forçaient de vivre dans un souterrain, enlever la femme et les meubles d'un homme en liberté? Y songez-vous, M. Deflers, et est-il bien vrai que vous ne rêvez pas? Encore faut-il pour dénigrer les autres avoir soi-même un grain de sens commun; mais voyons. D'abord le sieur Maquet n’a jamais été marié, comment done aurais-je enlevé sa femme? Bien, est-il vrai qu’il a eu chez lui mademoiselle Fouaisse, âgée de 35 à 36 ans, dont il faisait sa fille d’établi et sa servante, dont il retenait depuis plusieurs années et les meubles et les honoraires, sans avoir daigné lui en donner une simple reconnaissance, dont il abusait de la timidité naturelle, en la retenant par la crainte à l’attache après l'avoir excédée de coups. Spectacle révoltant dont j'ai été témoin plus d’une fois, tandis qu’elle m’avait en pension. Comme cette bonne patriote s'était chargée de faire tenir mes manuscrits à mon imprimeur, et qu'elle me rendait ous les autres bons offices que j'aurais pu attendre du meilleur citoyen dans ma captivité, je m'intéressai à son sort. La voyant désolée de ne point recevoir de nouvelles du sieur Maquet, au bout de trois semaines d'absence employées à courir la Picardie pour se procurer des autorisations, à postuler la place d’inspecteur de marée à la halle de Paris, je la pressai de m’en apprendre la cause. Elle y consentit, en me deman.dani conseil. Je lui indiquai le moyen d’obtenir de son tyran et la reconnaissance de ses meubles et un billet du montant de ses honoraires.

Comme j'étais sur mon. départ pour Londres, après