Les Préfets du Consulat et de l'Empire

DU CONSULAT ET DE L'EMPIRE 169

Aussitôt ce décret parvenu dans les départements, la plupart des préfets s’empressent d'adresser leur adhésion au nouveau gouvernement. Sans attendre l’abdication, M. de Kergariou, préfet de l'Indre, fait célébrer un Te Deum solennel auquel assistent tous les fonctionnaires et organise une grande fête pour là réception du duc d’Angoulême; M. Hély d'Oissel, préfet de Maïneet-Loire, fait prendre à tous la cocarde blanche et chanter le Domine saloum fac Regem dans la cathédrale d'Angers, « car il y aurait folie, dit-il,-à soutenir un gouvernement qui n'existe plus. » Mounier, ancien secrétaire de l'Empereur, écrit à M. de Barante: « L'opinion publique a repris son empire et l'édifice du despotisme est détruit. Il y a d'un côté un homme, de l’autre le pays. Quel bonheur de pouvoir s’écrire ce qu’on pense et de songer à la fin de cette destruction systématique de l'espéce humaine! Concevez-vous qu'on ait fait tuer cinq millions d'hommes et qu'on n'ait pas le courage de se tuer soi-même (1)? Et lorsque Louis

(1) Mémoires de Barante.

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