Les Préfets du Consulat et de l'Empire

DU CONSULAT ET DE L'EMPIRE 179

qui avait vu pendant quinze ans les peuples et les rois s’incliner sur son passage, à peine salué aujourd'hui dans cette étape douloureuse, devait se contenter le plus souvent, dans ses haltes, de l'hospitalité rudimentaire des auberges, en place de l'accueil empressé que les hôtels préfectoraux et les châteaux se disputaient hier l'honneur de lui offrir. Pendant la première partie de la route, cependant, il fut encore recu respectueusement par les populations et les autorités locales, maïs à partir d'Avignon, il fut reçu partout avec des cris hostiles, des injures et des menaces. Sa vie même était en danger et ses préfets d'hier, chargés pourtant de la police des routes, n’assuraient qu'à peine sa sécurité. À Orgon (Bouchesdu-Rhône), on éleva une potence avec un mannequin tout couvert de sang devant

l'auberge du relai, qui était entourée d'une

multitude en furie (1). Au sortir dece bourg,

(1) Si l’on en croit la relation du général de Waldbourg, le général Schouvaloff considéra qu’il n’y avait d’autre moyen de sauver la vie de l'Empereur que de sacrifier sa dignité. 11 harangua les plus furieux. Il leur représenta que le mépris était la seule arme qu'on