Les Préfets du Consulat et de l'Empire

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allait falloir lutter contre une opposition d'autant plus difficile à déjouer que, si on la sentait partout, on ne la saisissait ouvertement nulle part. Il y avait bien, ici et là, quelques membres des collèges électoraux qui avaient refusé de prêter serment à l’'Empire (1) : il y avait aussi des chouans avérés : ceux-là n'étaient pas les plus dangereux. Ce qui était inquiétant, c'était l’hostilité sourde de certains républicains qui, malgré l'os qu'on avait pu leur donner à ronger, étaient irrités qu'on leur eût enlevé jusqu’au nom de la chimère qu'ils avaient poursuivie ; c'était aussi la fourberie de certains royalistes, ralliés de la première heure, qui travaillaient déjà sans bruit à la restauration future. Surveiller tous ces hommes, éventer les traces d’intrigues et de complots, devait être le grand souci des administrateurs. C’est ce qui fait que, parmi tant d’attributions importantes embrassant tous les services publics, la police politique fut, à cette époque, le principal rôle des préfets.

(4) Archives nationales. Fire. I.