Les Révolution
PORTRAITS D'AUTREFOIS ET D'AUJOURD'HUI, 193
Ce Protée, toujours prêt à changer avec les événements, dit avec complaisance : « Je plie et ne romps pas. » Lamennais disait avec fierté : « Je romps et ne plie pas. » Il faudrait pouvoir dire : « Je ne plie ni ne romps. » C’est là qu'est la vraie sagesse, tant que la force ne vous écrase point. Mais il est plus noble, dans tous les cas, de rompre que de plier.
Ariste a voué sa vie au triomphe de la cause démocratique. Il est républicain par conviction plus encore que par caractère. Il reconnaît que la royauté et l'aristocratie elle-même ont rendu des services, quand elles n’ont pas abouti au despotisme et à l'oligarchie, comme leur tempérament les y pousse; mais la démocratie [ui apparaît comme la seule forme de gouvernement compatible avec la dignité humaine, et c’est à ce titre surtout qu’il est démocrate. Il n’a pas l'idolâtrie du peuple, comme on pourrait le croire. Il ne prétend pas, comme Rousseau, que la volonté générale ne puisse errer; il se contente de dire avec Pascal : « La pluralité est la meilleure