Les Révolution
204 LES RÉVOLUTIONS.
Quelques dates semblent donner raison à cette flatterie traditionnelle, qui fait complaisamment des princes les pères des lettres et des arts. Virgile et Horace furent contemporains d’Auguste; Machiavel et Guicciardini des Médicis; Molière, Racine et La Fontaine de Louis XIV. Mais ils furent les uns et les autres le produit de l’époque précédente, qui avait mis en mouvement tous les esprits, et non du règne qu'ils illustrèrent. Les princes ne sèment pas plus les talents que les richesses ; leur seul mérite consiste à s’en parer, quand l’occasion s’en présente ; mais ils sont étrangers par eux-mêmes à ce magnifique épanouissement des plus nobles forces de l'humanité.
Les révolutions n’ouvrent pas seulement de nouvelles sources d'inspiration aux écrivains et aux artistes : elles aident aussi quelquefois à comprendre les œuvres des siècles qui ont précédé. Plusieurs écrivains de l'Antiquité, par exemple, n’ont guère été compris véritablement que de nos jours.