Les serviteurs de la démocratie
214 LES SERNITEURS DE LA DÉMOCRATIE
réclamait la réforme de notre enseignement et demandait qu’on fit aux instituteurs une place indépendante et honorée dans l'État. « L'instituteur, s’écriait-il un jour dans une très belle harangue, c’est la grande force de la France nouvelle. Cest pourquoi vous devez arracher cethomme, chargé de lamission auguste d’instruire les enfants et de préparer les citoyens de l'avenir, vous devez arracher l’instituteur à l'influence de l'Église. Il ne doit plus être un demi-sacristain ou un demibedeau. Le succès ou l’insnccès de sa carrière ne doit plus dépendre de la volonté plus ou moins éclairée, du caprice d’un de vos préfets. La République n'existera sérieusement que lorsque l’enseignement primaire sera parmi nous respecté, honoré et libre. »
Baudin n’abordait pas souvent la tribune, non point parce que les qualités oratoires lui manquaient, mais parce que la netteté et la véhémence de.ses convictions l'avaient rendu intolérable à la majorité de la Chambre et surtout au président Dupin. Ce dernier, dont le courage n'était pas la plus grande vertu et dont la franchise ne mérifa pas de devenir proverbiale, tenait Baudin pour un ennemi intime. Il lapostrophait et Ie rappelait à l’ordre à tout propos. On aurait dit que ce président qui, au Deux-Décembre, devait montrer tantde couardise, pressentait la vaillance de Baudin dans cette même journée. Il ne se trompait pas en prévoyant un contraste cruel, puisque pour résumer toutes les hontes de la défaillance et toute la grandeur de la résistance au coup d’État, on devait dire la lâcheté de Dupin et l’héroïsme de Baudin. Ainsi se comportèrent d’une part le président de l'Assemblée nationale, de l'autre le digne représentant da peuple.