Les serviteurs de la démocratie

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216 LES SERVITEURS DE LA DÉMOCRATIE

Tout le monde sait ccqui se produisit dans ces terribles journées et comment Baudin fut tué sur la barricade où tomba blessé à côté de lui Madier de Montjau. Un jeune historien dont le livre, admirable de courage et de talent, a contribué à la chute du second empire, Eugène Ténot, a raconté le premier que Baudin, ayant été apostrophé par un homme du peuple en ces termes : « Nous ne voulons pas nous faire tuer pour vos vingtcinq francs »; avait répondu: « — Eh bien! vous allez voir comment-on meurt pour ces vingt-cinq francs! » Et, ceignant son écharpe de représentant, Baudin monta sur une des barricades républicaines et offrit sa poitrine aux balles des soldats du président parjure.

IV

Cette mort incomparable aurait été oubliée dans la France impériale sans Eugène Ténot. À peine les belles pages dans lesquelles l'héroïsme de Baudin est célébré furent-elles connues de la presse démocratique, qu'il y eut dans notre pays comme un frisson d’admiration et de colère.

Eh quoi! Baudin, le martyr de la loi, n'avait pas sa statue; sa mémoire n'était point glorifiée. Il fallait sans retard réparer cet oubli et rattraper la reconnaissance perdue. Des pèlerinages furent organisés au cimetière Montmartre où le corps du représentant du peuple avait été transporté. Un éloquent discours que Charles Quentin prononça sur la tombe enfin révélée de Baudin donna lieu à des poursuites dans lesquelles furent impliqués la plupart des journaux républicains,

A

coupables d’avoir organisé une souscription à laquelle