Les serviteurs de la démocratie

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témoignent d’une grande indépendance d'esprit et d'une variété de connaissances extraordinaires. Condorcet, à la fois mathématicien, érudit, littérateur et philosophe, abordait tous les genres avec un égal succès. Il fut reçu à l'Académie des sciences à vingt-six ans. La convocation des États généraux provoqua son enthousiasme. Il entrevit derrière les élections qui s’accomplissaient toutes les grandeurs de la France moderne. Pour soutenir la Révolution naissante, Condorcet se fit journaliste. Il devint l’un des collaborateurs de Mirabeau au Courrier de Provence et travailla assidûment à une des publications les plus vivantes et les plus originales de ce temps-là : la Feuille Villageoëse, journal populaire qui, même aujourd’hui, est agréable à lire. Le marquis de l’ancien régime se fit l’éducateur des paysans. Voilà comment nos ancêtres dédaignaient les ruraux !

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Condorcet, après s'être fait remarquer comme journaliste, conquigune grande place comme rapporteur et comme orateur à l'Assemblée législative et à la Convention nationale. Il fut chargé par ses collègues, dans ces deux Chambres, de rédiger les rapports les plus importants. Il avait le style ample et empreint d’une solennité un peu froide aujourd’hui à la lecture, mais d'un effet réel sur les hommes de la Révolution. À cette époque on pensait avec grandeur et l’on ne craignait pas de s'exprimer avec majesté. Un peu plus de simplicité n’eût point nui, croyons-nous, à l’élo-