Livre d'or des officiers français de 1789 à 1815 : d'après leurs mémoires et souvenirs

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Le Maréchal MARMONT (1)

Au moment où la révolte éclata (2), un soldat du 11e régiment reçut à bout portant un coup de fusil dans la grande rue de Castel-Vecchio, au coin d’une rue qui conduit à la mer. Ce soldat blessé, conduit à l'hôpital, désigne, avant de mourir, le lieu où il a été atteint, et donne le signalement de celui qui l’a blessé : il était vêtu de telle et telle manière, et portait une balafre à la joue gauche. D’un autre côté, on avait arrêté dans la même rue un Dalmate dont toutes les circonstances de lhabillement, de la taille et du signalement correspondaient à la description faite par le soldat; de plus, il avait entre ses mains un fusil déchargé et venant de faire feu. La Commission militaire, par un caprice impossible à expliquer, condamna le coupable aux galères. Il fallait frapper d’une salutaire terreur une population insurgée; il fallait faire un exemple sur les véritables coupables. Or, la condamnation aux galères ne signifiait rien pour l'exemple. Je fis venir la Commission militaire pour lui demander ses motifs; et, comme elle ne put répondre rien de raisonnable, je fis fusiller le coupable de ma propre autorité.

(Maréchal MARMONT, Mémoires, t. II, p. 51.)

AU PRINCE EUGÈNE. — La Malmaison, 12 avril 1806. Mon fils, il paraît que le 11e de ligne, qui fait partie du corps du général Marmont, n’a point de solde depuis trois mois. Faites-moi connaître ce que je dois penser de cela. Payer mon armée régulièrement est la première de toutes les conditions. — NAPOLÉON.

(Correspondance de Napoléon I, t. XII, p. 338.) AU PRINCE EUGÈNE. — Saint-Cloud, 4 mai 1806. — …. Le

corps du maréchal Marmont est très arriéré dans sa solde; on ne lui paye rien. — NAPoOLÉON.

(Correspondance de Napoléon F°, t. XII, p. 422.)

(1) Duc de Raguse. (2) 1805.