Louis XVI et la Révolution

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toutes les peines du monde à obtenir qu'ils ne tiennent. pas compagnie à la reine pendant la nuit. Naturellement on glose un peu Sur cette innovation. On trouve encore à redire sur l'intimité de la reine avec son beau-frère, le comte d'Artois. À la cour, on ne doute pas de la facilité de Marie-Antoinette. Gouverneur Morris, témoin impartial, dit tranquillement du duc de Coigny, qu'il est « un des amants de la reine ». Le 25 octobre 1789, il écrit dans son Journal : « Vu pour la première fois depuis mon arrivée en Europe le comte Fersen, dont le métier consiste à être l'amant de la Reine. Il a l’air d'un homme épuisé. » On se raconte à l'oreille bien des aventures. Lauzun tente de séduire Marie-Antoinette. Il se déguise en laquais pour la suivre partout : il en est du reste pour ses frais de travestissement. Il demande une audience particulière : « Peu d'instants après son arrivée, raconte M®* Campan, la Reine rouvrit la porte, et dit d’une voix haute et courroucée : Sortez, Monsieur! » L’audacieux a donc été chassé. Mais n'est-ce pas déjà une étrange chose que, même sans réussir, l'on songe à oser? Quelle idée se faisait-on donc de la reine à la cour, puis dans le public ? Et pourtant, on ne saurait trop le répéter, il n’y avait contre elle que des calomnies, à peine fondées sur des imprudences. Mais il était dans la destinée de la reine de se faire toujours du tort par ses défauts, par ses qualités mêmes. Elle n’était amoureuse que d'amitié, et ses amies lui ont fait le plus grand mal dans l’opinion publique.

D'abord, elle choisissait fort mal, et l’abbé de Vermond, qui n’était pas pourtant très rigoriste, était scandalisé de ses liaisons : « Vous êtes devenue, lui disait-il, fort indulgente sur les mœurs et la réputation. Je pourrais prouver qu’à votre âge cette indulgence, surtout pour les femmes, fait un mauvais effet; mais enfin je passe que vous ne preniez garde ni aux mœurs ni à la réputation d’une femme, que vous en fassiez votre société, votre amie, uniquement parce qu’elle est aimable : certainement ce n’est pas la morale d’un prêtre ; mais