Marie-Antoinette, Fersen et Barnave : leur correspondance

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la conseillent le veulent pour son intérêt, ils le veulent pour le plaisir qu'ils trouvent à lui devoir de la reconnaissance et à pouvoir placer en elle une confiance que rien n’altère. »

La Reine a écrit cette lettre à l'Empereur ainsi que nous l'avons vu, en utilisant «les idées » ou le modèle qu’on lui transmettail. La réponse, reçue un mois plus tard, n’était guère conforme aux espérances qu'avaient caressées ses conseillers. Il n’y eut pas d'alliance à soumettre à la confirmation de l’Assemblée Constituante avant sa séparation. Elle a aussi écrit à Monsieur, frère du Roi, avec le résultat que nous savons. Restait à écrire à M. de Mercy pour l'engager à revenir à Paris. Elle sent que cette démarche a encore moins de chance de succès. L’exambassadeur d'Autriche lui est personnellement dévoué, il a toujours été pour elle ün ami et un conseiller fidèle. Il ferait certainement tout ce qui dépend de lui pour lui être agréable. Mais l'Empereur voudra-t-il jamais consentir à ce que son représentant vienne reprendre son ancien poste à la Cour de France? À ses yeux Louis XVI est prisonnier dans sa capitale. Le gouvernement est entre les mains des révolutionnaires ; la foule est maitresse de la rue; l'autorité n’est nulle part. Il ne serait même pas permis à son ambassadeur de voir le Roi. Sa qualité diplomatique ne le mettrait pas à l’abri des insultes. Toutes ces difficultés, Marie-Antoinette les pressent.