Marie-Antoinette, Fersen et Barnave : leur correspondance

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Ses conseillers ne les ont pas prévues. Elle leur écrits Ne 5, le 29 juillet (1791).

J'ai vu cematin M. de Mont !. Il m'a proposé d'écrire à M. de Mercy, ainsi qu'il était convenu. J'ai fait quelques observations pour céder après, afin d’avoir l’air d'y avoir été convaincue par lui. Je vais écrire cette lettre et je suis sûre que M. de M... fera toujours pour moi tout ce qui dépendra de lui; je crois aussi qu'il serait fortavantageux qu'il füt ici. Mais, je vais parler avec toute la franchise dont je suis capable. L’'Empereur voudra-t-il que celui qui a eu le caractère de ministre auprès de son beau-frère revienne ici dans les conditions actuelles? Voudra-t-il, dis-je, que cet homme revienne dans ce moment jouer le plat rôle qu’on fait jouer à tout le corps diplomatique ? N’importe qui se présente pour voir le Roï, on lui refuse a porte. Aucun d’eux n’ose plus se présenter de crainte d'être insulté. Je suppose même que M. deM... veuille le faire par dévouement, croit-on que mon frère, qui ne peut qu'agir avec prudence et à bon escient, puisse consentir à ce qu'il affronte ce danger? Croit-on, peut-on croire que l’empereur ne sente pas vivement les insultes et les outrages qu’on fait éprouver à son beau-frère et à sa sœur? Vous savez bien que, pour moi, je ne lui en parle jamais, et je

1. Montmorin ministre des Affaires étrangères.