Marie-Antoinette, Fersen et Barnave : leur correspondance

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voudrais bien, dans l'intérêt général, lui cacher tout ce qui a rapport à moi. Mais les papiers publics, mais vos débats mêmes prouvent à l’Europe entière combien l'Assemblée laisse avilir la royauté et insulter la personne du Roi. Les adresses lues depuis deux jours à l'Assemblée prouvent combien on a peu de moyens ou de volonté d'empêcher de pareilles indécences. J'espère et je désire vivement que l'Empereur reconnaisse les fauteurs de tout cela et les distingue des autres, de ceux qui ont la volonté déterminée de faire le bien, d'établir un ordre de choses stable et durable, de ramener la paix et la concorde. Mais ces hommes de talent et d'esprit arriveront-ils à imposer leur volonté à la horde? Je conviens que si M. de M... était iciil serait bien plus utile que moi pour les soutenir. Mais encore une fois voudra-t-il venir avant qu'il ne soit bien convaincu que ces intentions se réalisent, que l’ordre se rétablit, que la royauté est reconnue, le Roi honoré, la sûreté individuelleassurée, et surtout le droit des gens respecté, sans lequel il ne peut y avoir de liaisons entre les nations. »

A cette mise en demeure les conseillers de la Reine répondent :

N° 5, le 30 juillet.

« Les moments sont trop courts et trop occupés pour qu'il soit possible de répondre avec détail au billet de la Reine.

» La situation où ellese trouve durera peu. Qu’elle