Marie-Antoinette, Fersen et Barnave : leur correspondance

108 MARIE-ANTOINETTE

Champ-de-Mars pour protester contre le décret rendu par l’Assemblée Nationale le 16, qui déclarait le Roi inviolable et lui rendait l’autorité. Ils demandaient que l’Assemblée rappelât ce décret, exigeàt l'abdication de Louis XVI et organisät un autre pouvoir exécutif. Au milieu de la foule, Danton, debout auprès de l’autel de la Patrie, lit cette pétition qui est couverte d’applaudissements. Mais ces applaudissements sont suivis d’un tumulte effroyable. Sous la charpente de l'autel on vient de découvrir deux hommes cachés. Ces individus avaient-ils simplement cherché là un abri pour mieux entendre sans être bousculés ou bien avaient-ils de sinistres projets? La foule est persuadée qu'ils étaient là pour faire sauter les patriotes en mettant le feu à quelque baril de poudre caché dans la charpente. Dans une ruée furieuse ils sont saisis et pendus à un réverbère. La foule promène en triomphe leurs têtes au bout de piques.

A la nouvelle de ce tumulte Bailly et les conseillers municipaux se mettent en marche pour le Champ-de-Mars, précédés du drapeau rouge et suivis d’un bataillon de grenadiers. De son côté La Fayette accourt avec la cavalerie et des pièces d’artillerie. Il fait des sommations. La foule crie « à bas les baïonnettes » et jette des pierres. La troupe tire sur la foule ; plus de cent victimes tombent.

Le parti républicain qui vient de se manifester est exaspéré. À l’Assemblée le choc des partis est de