Marie-Antoinette, Fersen et Barnave : leur correspondance

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plus en plus violent. La faiblesse des autorités vis-àvis de la foule de plus en plus manifeste. Les sections tiennent partout le haut du pavé. Aux Tuileries les démonstrations et les menaces se renouvellent constamment.

Devant ces manifestations hostiles la Reine montre toujours le même courage et le même sang-froid, mais elle est profondément attristée. Est-ce là l’apaisement, la rentrée dans l’ordre que ne cessent de lui promettre, de lui € garantir » ses conseillers ? Elle est àse demander si elle ne devient pas le jouet de leurs illusions, si elle ne fait pas fausse route en se livrant à eux, en se rapprochant des constitutionnels pour sauver la monarchie. Ne la trompent-ils pas, se trompant peut-être eux-mêmes, en affirmant que l’Assemblée et le peuple veulent le maintien de la royauté, que la paix et l’ordre vont renaitre sous le gouvernement du roi constitutionnel.

Elle ne veut pas rompre avec eux, mais elle est prise de doute el hésite ; ses billets deviennent plus rares et moins expansifs.

Barnave et ses amis ne tardent pas à s’apercevoir de ce changement d’attitude chez la Reine. Ils lui écrivent le 5 août :

« Il est facile de juger à la lecture du dernier billet de la Reine que de nouvelles impressions ont agi sur elle. Quelques incidents ne sont rien lorsque la nouvelle marche des événements est constante et, à tra-

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