Marie-Antoinette, Fersen et Barnave : leur correspondance

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vers les contrariétés, ne cesse de tendre vers le but. Ce but ne peut être manqué que par l'incertitude des résolutions ; les nôtres sont invariables, elles suffisent pour sauver la France et la monarchie. Isolées elles ne peuvent rien de plus.

» Nous avons annoncé que lorsque la Reine avait déclaré sa résolution, nous étions décidés à y croire; comment lorsque la nôtre est prononcée, lorsque tous nos motifs sont connus, lorsque le désintéressement et la pureté qui les caractérisent ne permet pas de croire que rien puisse les changer, lorsque depuis un mois nous avons fait sur l'opinion et sur la direction des affaires ce que personne sans nous n'aurait osé seulement entreprendre, comment notre résolution peut-elle être encore soumise à des doutes?

» Si nous avons mis un grand prix à la confiance de la Reine, c’est au moment où elle nous à donné une marque de son estime. La Reine sait que nous ne l’avions pas sollicitée. Les circonstances où, pour la première fois dans le cours de la révolution, nous avons eu des relations avec elle, ont peut-être déjà justifié cette confiance, lorsque la Reine parait vouloir encore la subordonner à des épreuves.

» La révision [de la constitution] sera bientôt achevée. Ce travail honorera l’Assemblée aux yeux de l'Europe détrompée. S'il excite les plaintes des classes privilégiées, il satisfera tous les partisans éclairés du