Marie-Antoinette, Fersen et Barnave : leur correspondance

112 MARIE-ANTOINETTE

nous. Mille choses peuvent se dire, mille détails peuvent s'expliquer qui ne peuvent s’écrire. De là la réticence et la méfiance qui parait dans le dernier billet. 11 me parait tout simple que des personnes qui me connaissent aussi peu jugent mal mon caractère. Mais qu’ils sachent que rien et personne ne peut me faire prendre des impressions que mon esprit et ma raison ne me dictent pas.

» J'ai désiré depuis mon retour [de Varennes] communiquer avec les personnes qui m'ont inspiré confiance, dans lesquelles il m'a semblé trouver le plus de force et de courage, posséder les meilleurs moyens de faire renaitre le calme et le bonheur. Je l'ai désiré, je le désire encore, parce que je crois pouvoir être utile en discutant avec eux des choses que — non pas mes connaissances, je suis loin d’en avoir — mais mon expérience, en suivant les affaires de loin et en silence depuis dix-sept ans, peut me faire apprécier. Je ne désire que la paix et les moyens pour le Roi de pouvoir gouverner, de rendre son peuple heureux. Ces moyens ne sont pas de contenter uniquement les classes privilégiées, — qui n’ont qu'à se plaindre — mais de contenter tout le monde. J'ai écrit jeudi et je le répète : je suis loin d’exiger des choses impossibles, mais simplement le bien et le rétablissement de l’ordre.

» Je ne veux rien dire sur l'acte constitutionnel, mais c’est le papier à la main et dans une conversa-