Marie-Antoinette, Fersen et Barnave : leur correspondance
FERSEN ET BARNAVE 229
faut avant que la nouvelle des colonies soit confirmée.
» Il faut avoir la force de repousser la tristesse dont on est assailli. C'est du courage dont on s’armera pour vaincre les premiers obstacles, pour poursuivre le système qu’on a adopté, pour en convaincre tous les esprits que dépendra l'avenir.
» L'ancien régime est détruil, les biens du clergé sont dispersés, la noblesse anéantie, non par le décret du 49 juin mais par ceux du 4 août et par sa folle et ruineuse croisade. La nation demeure entre la République et le Roi. Pour le Roi est le vœu public, l’opinion de tous les hommes sensés, la constitution, la marche naturelle des choses ; contre le Roi, les fautes du gouvernement et une malheureuse habitude de découragement, de langueur et d’apathie. »
Il n'y avait ni langueur ni apathie de la part de Marie-Antoinette, mais le doute et la désillusion qui commençaient à l’envahir. Cette tristesse qu'on lui disait de combattre et qu’elle ne parvenait pas à vaincre, était causée par l'effondrement de ses espérances de tout sauver par la conciliation et l’acceptation de la constitution. Elle voyait le parti républicain gagner en force et en popularité et devenir plus arrogant et plus tyrannique de jour en jour. Le peuple, travaillé par les sections, prenait fait et cause pour les chefs révolutionnaires, qui dominaient la situation et étaient maitres de la rue.
Les constitutionnels devenaient de plus en plus