Marie-Antoinette, Fersen et Barnave : leur correspondance

FERSEN ET BARNAVE 233

Barnave lui répond :

N° 27, le 25 novembre.

« Cette affaire de M. de Narbonne a été conduite avec une étourderie qui ne peut s'expliquer que par le caractère de la personne qui a le plus d’empire sur lui {. Il paraît qu’on a dit à la Reine qu’on était sûr du Conseil, et au Conseil qu’on était sûr de la Reine. Le motif de confiance était, je crois, une conversation dans laquelle la Reine a témoigné dela bienveillance pour M. de Narbonne et une secrète idée qui possède la même personne; que celui qui a subjugué son cœur ne peut pas rencontrer d’obstacle. Au reste, quelque peu propre que paraisse M. de Narbonne à remplir la place qu'il désire, la Reine pensera sans doute que cette affaire doit être conduite de manière à ne pas le désobliger, et qu'il faut autant qu'il est possible éviter de la part de sa société un ressenti ment, qui, peu important dans d’autres circonstances, serait fâcheux dans ces moments de crise, où il est nécessaire de mettre pour soi tout ce qui à quelque part au mouvement public. La confiance qu’il inspire à la Reine à la tête de la force publique est un indice favorable pour le faire passer à des fonctions plus importantes lorsqu'il sera moins nécessaire à celles qu’il remplit. Il est aussi bon que la façon dont il s'exprime sur la Constitution et sur les

4. Madame de Staël.