Marie-Antoinette, Fersen et Barnave : leur correspondance

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dispositions constitutionnelles du Roi soit généralement répandue, et la renommée aux cent voix ellemême ne répandrait pas plus vite une nouvelle que la personne pour laquelle il semble n'avoir aucun secret. Je dois même, avant de finir sur cela, rappeler à la Reine qu'il est indispensable de renfermer dans son cœur ses sentiments sur La Fayette. Il est haï par cette société, et quelques mots que la Reine en a dits à M. de Narbonne dans la première conversation n’ont été ignorés de personne.

» M. de La Fayette est le seul homme en France qui pourrait en montant à cheval trouver à former un parti contre le Roi. Je l’en crois fort éloigné et j’espère que par nos liaisons et surtout par le grand ascendant que M. du Port asur lui, nous déterminerons toujours sa conduite. Je dois même, pour entretenir ces liens, aller le visiter dans sa retraite. Maïs rien n’influera aussi puissamment sur lui que les dispositions que la Reine marquera, et il est dans son caractère d’être aussi facilement conduit par la confiance qu’on lui témoigne qu’impossible à diriger par toute autre considération.

» Quant au remplacement du ministre !, il me semble qu'on pourrait sans inconvénient attendre encore quelques jours ; toutes les informations que j'ai prises sur M. de Barthélémy sont favorables. Je ne

1. Des Affaires étrangères.