Marie-Antoinette, Fersen et Barnave : leur correspondance

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FERSEN ET BARNAVE 235

crois pas qu'il eût, comme M. de Ségur, l'avantage d’être très versé dans les affaires, mais il serait sujet dans son département à moins d’attaques et de soupçons. Ce choix n'étant pas d’un homme de Cour serait dans l'esprit de la constitution, et je ne crois pas qu'il fit tort à la considération extérieure. Cependant, selon moi, tout invite à suspendre cette nomination de deux ou trois jours. Je n'ai aucune notion sur M. Orelli. La confirmation des nouvelles des colonies arrivées hier ne permet plus le spectacle; il faut chercher d’autres occasions de se montrer. Il est fâcheux d’avoir laissé échapper l'exposition des tableaux. On pourrait visiter les bibliothèques, tout insignifiant que cela soit. Au reste, s’il faut au Roi des occasions solennelles, la Reine, surtout aujourd'hui que madame de Lamballe est arrivée, peut en saisir de plus légères. Paraître en public, c’est faire croire à sa franchise, c'est attirer les cœurs à soi. Demeurer cachée, c’est paraitre dévorer sa douleur, c'est encourager tous les soupçons.

» Il est à désirer que madame de Lamballe se montre aussi en public. Si elle est vue, son retour sera un acte de patriotisme et un gage des intentions de la Reine. Si elle demeure renfermée dans les Tuileries, le peuple croira à une conspiration.

» La Reine doit s'emparer de la formation de la garde. Rien n’est plus décisif. On a nommé M. d’Ervilli (sic). C’est un bon militaire je crois, mais il met