Marie-Antoinette, Fersen et Barnave : leur correspondance

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la Bretagne contre le Roi, et je ne vois aucune proportion entre ces deux motifs de se décider. Dans un an on eût pu l’employer sans difficulté.

» Je tiens à une idée dont j'ai vu la Reine n’être pas éloignée. C’est de demander aux départements un certain nombre de sujets pour sous-ofliciers et soldats. De même aux bataillons de la garde parisienne et aux régiments de l’armée. Je ferai bientôt passer à la Reine des projets de lettres circulaires pour l’exécution de ce plan, que je crois propre à produire un très bon effet.

M. de Lessart doit proposer au Roi d'écrire de sa main au roi de Suède pour le persuader de la réalité de ses intentions, dont il s’obstine à douter. Je crois cette démarche utile et mème nécessaire. La lettre doit être écrite de manière à ne pas pouvoir faire penser, si elle devenait publique, que le Roi ait approuvé et soutenu les dernières démarches de ce prince. Mais il faut ne rien négliger pour mettre un terme à ces inquiétudes de l'extérieur ; elles sont le dernier aliment des soupçons, la grande ressource des républicains ; elles retardent le règne des idées modérées et sages. Il faut tout employer pour faire rentrer Monsieur, car les deux mois écoulés !, : M. d'Artois prend sa place. On peut lui faire la même

1. Le terme que le décret de l’Assemblée donnait à LouisStanislas pour rentrer en France sous peine d’être privé de ses droits éventuels à la régence.