Marie-Antoinette, Fersen et Barnave : leur correspondance

FERSEN ET BARNAVE 231

réquisition et bientôt il n’y a plus d’intermédiaire entre le Roi et Monseigneur d'Orléans, que la loi appellerait à la régence.

» Cette lettre se trouve être si longue que je renvoie à un autre jour plusieurs choses moins pressantes. Je suis occupé à tracer un aperçu général sur le plan de conduite du gouvernement que j’enverrai à la Reine. »

De l’avis de ses conseillers, Marie-Antoinette faisait ses charités aux pauvres de Paris par l'entremise de la municipalité, mais l'élection de Pétion comme maire en succession de Bailly devenait pour elle, à cause de cela, un sujet d'inquiétude. Dans quel esprit se feraient désormais ses distributions aux pauvres ? Elle connaissait Pétion depuis le fameux voyage du retour de Varennes. Il ne s'était pas alors montré particulièrement hostile; il était même, au début, plus disposé que Barnave à entrer eu conversation, mais tous les efforts de la Reine pour le gagner par la bonté, la gracieuseté avaient été vains. À peine rentré à Paris, Pétion s’était montré acharné contre le Roi et la Reine. A l’Assemblée il avait insisté pour que Louis XVI fût jugé sur le fait de son évasion, il avait mis en question sa déchéance en proposant une régence qui füt élective. Son amitié pour madame de Genlis, qu’il avait récemment accompagnée à Londres, où celle-ci conduisait son élève Adélaïde d'Orléans, faisait croire qu’il avait en vue