Marie-Antoinette, Fersen et Barnave : leur correspondance
238 MARIE-ANTOINETTE
une candidature du duc d'Orléans. Depuis il s'était fait le tribun du peuple et partageait avec Robespierre les ovations populaires. La Reine savait qu’elle avait en lui un ennemi personnel, la monarchie un combattant acharné. Son élection qu'on attribuait à une manœuvre des ennemis de La Fayette pour l’empêcher, lui, d’être élu, inquiète la Reine. Elle s’en ouvre à ses correspondants qui lui répondent :
N° 31, ce 17 novembre.
« L'élection de M. Pétion à la place de maire est un événement fâcheux, mais qui est bien loin d’avoir l'importance que quelques personnes pourraient y attacher. Avant peu le nouveau maire sera brouillé avec ceux qui le prônent aujourd'hui, ou il se perdra lui-même en tächant de les soutenir. Ces choix absurdes opèrent dans l’opinion publique une inévitable réaction. Ces succès qu'un petit nombre d'individus obtiennent en sens inverse du mouvement général ne serviront qu'à le presser. Tous les jours les opinions exagérées perdent des partisans, et le besoin de tranquillité se fait plus généralement sentir. La vérité arrive plus difficilement sur les personnes que sur les choses, mais elle arrive inévitablement.
» Ces derniers jours ont fait en faveur du Roi une impression profonde. Il s’agit de la soutenir. Il est certain que sans tout ce qui vient de se passer les