Marie-Antoinette, Fersen et Barnave : leur correspondance

FERSEN ET BARNAVE 243

satisfaits de l’empressement que le ministre de la Marine met à faire tout ce qui les intéresse.

» Les lettres circulaires pour la formation de la garde doivent, dit-on, être très prochainement expédiées. L'effet en sera excellent; il faut soutenir cette conduite et lui donner une nouvelle activité. Il est indispensable de paraître en public. La Reine ne saurait trop s'occuper de se montrer aux spectacles; il est temps aussi de faire des charités ainsi qu'il était de coutume.

» Enfin, ce qui est plus important que tout, c’est de faire rentrer Monsieur. Si Monsieur rentre, tout est fini; dès lors tous les sentiments seront pour le Roi, il est à couvert de tout soupçon et de tout reproche. Le succès des affaires lui sera attribué et les malheurs mêmes ramèneront les cœurs à lui.

» Si Monsieur laisse expirer les deux mois, on le déclarera déchu de la régence, monseigneur d’Artois prenant sa place sera requis à son tour de rentrer, et, étant également déchu, quand le terme sera expiré, monseigneur d'Orléans quittera le royaume, se fera sommer et, revenant sur la réquisition, établira ses droits et acquerra une influence effrayante. S'il conçoit alors des projets, il n’aura d’obstacle devant lui que la personne du Roi.

» Aussi longtemps que les princes et surtout Monsieur seront hors duroyaume onest obligé de garder sur pied les cent mille hommes de garde nationale,