Marie-Antoinette, Fersen et Barnave : leur correspondance

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serait nécessaire que la Reine, par une lettre à M. de Mercy, lui fit savoir qu’elle connaît ce mémoire et qu'il est conforme à ses intentions. Il serait très à désirer que la Reine voulût elle-même l’envoyer directement à son frère avec quelques modifications. Dans le cas où elle s’y déterminerait, nous lui ferions remettre le mémoire par M. de Lessart. Il est inutile de répéter que de tous les moyens d'arriver au bien, le retour de Monsieur serait le plus prompt et le plus sûr. On ne cesse, de la part même de ceux qui sont aussi éloignés de la république que dela contrerévolution, de répandre des doutes sur la sincérité du Roi et de la Reine. Tous les dangers pourraient naitre de cette incertitude. On fait des choses importantes pour la dissiper, mais des petites choses tendent à l’entretenir. On répand que quiconque est soupconné de tenir à la constitution est insulté chez le Roi par tout ce qui l’environne. On se plaint hautement que nul n’est bien traité par le Roi et laReine si ce n’est les personnes les plus prononcées contre la révolution. Il y a sans doute de l’exagération dans ces plaintes, mais il serait à désirer qu'il n’y en eût pas même le prétexte. La monarchie ne peut être sauvée que par le fiers parti; ce parti dominera tous les autres. Mais il ne faut pas lui faire craindre d’être abandonné ou secrètement haï par le Roi, car alors, loin d'attirer à lui ce qu’il y a de plus modéré dans les factions, il se dissoudrait lui-même et finirait