Marie-Antoinette, Fersen et Barnave : leur correspondance
274 MARIE-ANTOINETTE
bientôt le signal du bouleversement de l'Europe, ceux qui prennent intérêt à la destinée personnelle du Roi et de la Reine de France, doivent réunir leurs efforts pour faire rentrer dans le royaume les princes et les émigrés français, et surtout Monsieur, frère du Roi.
» La situation de ce royaume est telle en ce moment que l'inquiétude et la méfiance excitées par les menaces des princes et des émigrés sont les seules causes qui empêchent la puissance royale de reprendre une grande force et qui l’exposent à voir diriger contre elle l'effet du mécontentement public, lorsque, sans les soupçons dont on se plait à l’environner par cette conduite impolitique, il ne pourrait arriver aucun événement qui ne lui füt favorable.
» L'Assemblée Nationale actuelle estsans lumières, sans conduite, sans considération; depuis les premières classes de la société jusqu’à la partie la moins élevée du peuple, tout le monde bläme ses excès. Tout le monde sait la nécessité de voir établir une marche plus régulière et de donner au gouvernement l’énergie convenable pour maintenir l’ordre public, faire rentrer les impôts et rendre au royaume de France sa prospérité et sa splendeur; et si aucune circonstance extérieure ne réagissait sur l’intérieur, ce sentiment régnerait seul dans la nation, toute la confiance s’attacherait au Roï, l'opinion publique forcerait l'Assemblée à marcher avec lui, ou lui donnerait